Situé à Brossard, le Centre technique Amérique d’Eurovia Québec possède un laboratoire à la fine pointe technologique où sont effectués de multiples analyses et des travaux de recherches afin de concevoir divers bitumes et liants. On est toujours en train d’améliorer les produits répondant aux besoins non seulement du Québec en matière de revêtements de route, mais également du Chili et de l’Océanie. Le laboratoire travaille autant sur des bitumes traditionnels pour des travaux routiers, comme ceux du ministère des Transports du Québec (MTQ), que sur des enrobés spécifiques pour des applications auxquelles les produits traditionnels ne répondent pas.

Eurovia Québec est une filiale de Vinci Canada, un géant de la construction routière au Canada, qui est une des 700 sociétés du groupe français Vinci, expert dans le génie civil et la construction. Créée en 2000, la multinationale française compte aujourd’hui plus de 115 000 employés et réalise des travaux d’infrastructure de tous genres, de mobilité, d’énergie, de traitement et d’acheminement des eaux et de génie écologique sur tous les continents. Rien qu’au Québec, Eurovia Construction opère 55 sites et carrières, 28 postes d’enrobage, 18 plateformes de recyclage et 17 agences afin de travailler sur environ 1200 sites annuellement et emploie plus de 2800 collaborateurs. Les opérations d’Eurovia Construction sont partagées entre six divisions distinctes : travaux, industries, grands projets, ferroviaires, activités spécifiques et innovations. Les clients de l’entreprise émanent principalement des secteurs publics, industriels et commerciaux.

Le Centre technique Amérique offre également des sessions de formation sur les enrobés spéciaux pour les clients qui doivent les appliquer, afin de permettre à ces intervenants de bien comprendre la composition du produit et ses principales caractéristiques. En plus des enrobés de bitumes, le laboratoire confectionne également du béton compacté roulé (BCR), un autre produit utilisé pour le surfaçage des routes. Des personnes-ressources, telles que Pierre-Luc Brochu, ingénieur technique au Centre technique Amérique, Cédric Alquier, responsable technique de Construction DJL, et Thomas Raybaud, directeur commercial d’Eurovia Québec Construction, sont souvent présentes aux diverses séances de formation pour répondre aux questions des clients.

Au fil des ans, des normes ont été développées afin de classifier les enrobés et ainsi mieux répondre aux besoins des villes dans un contexte normal. Le MTQ a lui-même établi ses propres critères de sélection des enrobés, qui sont formulés selon une méthode élaborée à son laboratoire des chaussées. Sur un territoire aussi vaste que celui du Québec, où les écarts de températures ne sont pas seulement saisonniers, mais aussi géographiques, il n’existe pas une formulation universelle de bitume pouvant être installée sur toutes les routes aux quatre coins de la province.

Le bitume, souvent appelé asphalte, est une substance produite par distillation du pétrole brut, reconnue pour ses propriétés imperméabilisantes et adhésives. La production de bitume par distillation élimine les composants plus légers du pétrole brut, comme l'essence et le diesel, laissant le bitume « plus lourd ». Le choix des enrobés dépend de plusieurs facteurs, dont la fondation de la route, la gélivure (propension à se fendre sous l’effet du gel) du sol, le volume de circulation attendu et sa vitesse, et la génération de chaleur. Dans les régions du nord où il fait généralement plus froid, des enrobés plus flexibles sont recommandés alors que des produits plus solides sont suggérés dans les régions plus chaudes.

Un enrobé de bitume est composé d’un liant hydrocarboné, un matériau adhésif contenant du bitume, du goudron, ou les deux, qui est ensuite agrégé avec des granulats pour fournir des « matériaux enrobés ». Chez Eurovia, on recommande quatre enrobés différents de bitume pour les besoins des clients québécois :

• Flextech : un enrobé tiède avec une maniabilité prolongée et une grande flexibilité, conçu pour des applications sur des supports dégradés. Il est recommandé de l’installer avec une couche de 25 mm pour le reprofilage et une seconde couche finale de 50 mm. Ce produit est applicable sur des supports en enrobés bitumineux dégradés, des supports décohésionnés et des supports granulaires neufs ou existants. 6 à 8 fois plus flexible qu’un enrobé standard, le Flextech est produit à température modérée autour de 120°C et sa fabrication permet de moins oxyder le bitume tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’oxydation durcit le bitume et en réduit sa flexibilité.

• Enrobés HR : Mélanges à fort taux de matériaux recyclés à haut taux de granulats bitumineux récupérés (GBR), de moins de 30%. Famille de plusieurs produits classifiés selon la granulation et l’utilisation : HR-20, HR-14, HR-10S et HR-10C. Ils sont formulés de façon mécanistique et le bitume d’apport est adapté selon les besoins du client et la qualité des GBR. Le recyclage des GBR dans les enrobés s’inscrit dans une démarche de développement durable et permet d’éliminer la mise au rebut de matériaux recyclables, de diminuer la consommation de ressources naturelles, comme le pétrole et du granulat neuf tout en générant une meilleure rentabilité énergétique. Les enrobés sont recyclables à 100% puisque le bitume conserve ses propriétés viscoélastiques.

• Recyvia : déployé selon une technique de retraitement en place en décohésionnant la chaussée par pulvérisation. Son épaisseur peut varier de 150 mm à 250 mm et on ajoute une émulsion de bitume et de ciment de 1% à 1.5%. Une proportion optimale de 50 % de granulats et d’enrobés donnera le meilleur enrobé Recyvia. Il est applicable sur des chaussées présentant des défauts, dont certains sont liés au gel, à la partie supérieure de la fondation (fissuration de fatigue, carrelage, orniérage, nids-de-poule, pelade et affaissements mineurs). Cet enrobé est conçu à froid et augmente la capacité portante de la chaussée pour les trafics élevés.

• Modulvia 4X : enrobé de 0 – 14 mm à base de bitume formulé afin de générer un enrobé à module élevé pour couches de base, de liaison, ou de surface qui résiste à tous types de trafics, aux sollicitations et dommages provoqués par la circulation comme l’usure par cisaillement, l’orniérage, la fissuration par fatigue. Sa rigidité est de 2 à 3 fois plus élevée que les enrobés conventionnels et il est formulé pour générer une compacité de 95 – 97% en chantier. Cet enrobé peut être utilisé comme couche de base, de liaison ou de surface pour des chaussées neuves ou des travaux de renforcement dans des infrastructures industrielles, portuaires, aéroportuaires et des plateformes de compostage. C’est une alternative aux dalles de béton et BCR.

Le développement de produits chez Eurovia ne s’arrête pas à ces quatre marques, d’autres laboratoires de l’entreprise travaillent sur des enrobés Ecolvia, des produits à faible impact environnemental et à forte capacité de reprofilage qui freinent l’évolution des dégradations de chaussée. Ce n’est certainement pas parce que les routes québécoises ont souvent une mauvaise réputation qu’il faut en conclure que nous ne maîtrisons pas l’art de poser des enrobés de bitume. Au contraire, le Centre technique Amérique d’Eurovia Québec et d’autres laboratoires, comme le Laboratoire sur les chaussées et matériaux bitumineux (LCMB) de l’École des technologies supérieures (ETS) sont reconnus mondialement comme des centres d’excellence dans le domaine. Une des raisons de la dégradation, parfois rapide, de nos routes est sans contredit les grands écarts de température enregistrés durant l’année au Québec, des écarts qui, selon certains observateurs, ne sont comparables qu’à ceux de la Sibérie. Un jour, grâce au travail et aux recherches des chimistes, ingénieurs et autres experts d’Eurovia, le Québec pourra-t-il compter sur un enrobé de bitume qui sera aussi performant en hiver qu’en été, partout sur son territoire.