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L’ACQ, l’APDQ et les Teamsters requièrent l’aide de Québec dans le dossier Chauffeur Inc.

L’ACQ, l’APDQ et les Teamsters requièrent l’aide de Québec dans le dossier Chauffeur Inc.

Il est plutôt rare de retrouver les dirigeants du Syndicat des Teamsters Canada, de l’Association du camionnage du Québec (ACQ) et de l’Association des professionnels du dépannage du Québec (APDQ) du même côté de la table pour discuter d’un dossier. La tradition veut plutôt que les parties se retrouvent face à face dans le cadre de négociations souvent ardues.

Il est plutôt rare de retrouver les dirigeants du Syndicat des Teamsters Canada, de l’Association du camionnage du Québec (ACQ) et de l’Association des professionnels du dépannage du Québec (APDQ) du même côté de la table pour discuter d’un dossier. La tradition veut plutôt que les parties se retrouvent face à face dans le cadre de négociations souvent ardues. Mais le 9 janvier dernier, Jean Chartrand, conseiller spécial de Teamsters Canada, Marc Cadieux, président de l’ACQ et Réjean Breton, président de l’APDQ ont démontré un front commun pour dénoncer le stratagème Chauffeur Inc. lors d’une conférence de presse au Holiday Inn du centre-ville de Montréal. Les trois partenaires d’occasion s’entendent pour dire que Chauffeur Inc. est devenu un fléau dans l’industrie du transport routier de marchandises et demandent au Premier ministre du Québec, François Legault, d’intervenir afin de s’assurer que toutes les parties impliquées dans ce stratagème respectent les règlements en vigueur. Selon Marc Cadieux, les gouvernements sont privés de millions de dollars de revenus car les conducteurs et les entreprises du phénomène Chauffeur Inc. ne paient pas leur juste part de taxes et d’impôts. Jean Chartrand, de Teamsters Canada; Réjean Breton, de l’Association des professionnel en dépannage du Québec et Marc Cadieux, de l’Association du camionnage du Québec. « Les conducteurs s’incorporent comme s’ils étaient des chauffeurs indépendants, et c’est loin d’être le cas, sont plus souvent qu’autrement inexpérimentés et en situation précaire attirés par de fausses promesses d’avantages financiers. », explique Marc Cadieux. « Ces pseudo-chauffeurs sont poussés à s’incorporer par des employeurs sans scrupule exploitant leur vulnérabilité. Ces entreprises, dont plusieurs viennent de l’Ontario, contournent leurs obligations fiscales et réglementaires en employant des conducteurs frauduleusement incorporés. Ne possédant jamais ou presque leur propre camion ni le statut d’entrepreneur indépendant légitime, ces conducteurs sont recrutés afin d’éviter aux entreprises l’obligation de payer les déductions à la source et autres obligations sociales. » Une entreprise manquant à ses obligations fiscales possède donc un avantage financier important sur ses concurrents, ce qui fait qu’il y a de plus en plus de compétitions déloyales dans l’industrie du camionnage actuellement. Cherchant toujours à réduire leurs coûts de transport, les expéditeurs ne semblent pas enclins à étudier pourquoi les coûts sont plus bas, optant plutôt pour se fermer les yeux sur le stratagème. Pour Réjean Breton, il ne fait aucun doute que le piètre état des camions lourds et semi lourds de Chauffeurs Inc. sur les routes compromet la sécurité des usagers du réseau routier : « Il est fort possible que le phénomène soit en partie responsable de l’augmentation de 28 % des décès et de 45% des victimes des accidents impliquant des véhicules lourds. La hausse exponentielle du non-paiement des services de dépannage routier rendus lors de remorquages de véhicules lourds en panne, accidentés ou saisis par les services policiers et par les contrôleurs routiers, qui peut certainement être associée en grande partie au phénomène Chauffeur Inc. Ce qui pourrait engendrer un désengagement des entreprises de dépannage routier lors de situations jugées à risque de non-paiement, de sorte à congestionner davantage le réseau routier. » « Il devient urgent de traiter ce dossier avant que la situation ne soit irrécupérable et qu’à défaut d’une garantie de paiement et de mesures efficaces de mitigation de ces phénomènes, certaines entreprises préfèrent se retirer des protocoles de dépannage routier trop contraignants signés avec l’État plutôt que de devoir éventuellement fermer leurs portes. », ajoute Réjean Breton. « En n’agissant pas, le gouvernement Legault permet la disparition de milliers d’emplois syndiqués et bien rémunérés. C’est inacceptable! Nous devons protéger ces emplois qui soutiennent des familles québécoises et l’économie de notre province. Il est important que le gouvernement ontarien intervienne pour harmoniser ses efforts avec ceux du Québec et mette fin à ce stratagème. », de conclure Jean Chartrand. Des scènes comme celle-ci, d’une perte de roue, sont souvent remarquées lors d’accidents de camions Chauffeur Inc. Des camions Chauffeur Inc. roulent souvent avec des pneus dangereusement usés Il est fréquent que des entreprises de remorquage, possédant des ententes avec les autorités et ayant une obligation de remorquer rapidement les véhicules lourds afin que la circulation reprenne sont cours normal, arrivent sur les lieux et que le chauffeur a déjà pris la poudre d’escampette. Il n’y a donc personne sur les lieux pour défrayer le coût du remorquage. Il semble aussi qu’une des pratiques courantes de Chauffeur Inc. est que le chauffeur contracte une assurance afin de recevoir le certificat, et annule cette couverture après une semaine ou deux. Le chauffeur a donc un certificat d’assurance en sa possession. Qui plus est, plusieurs de ces chauffeurs n’ont jamais suivi la formation nécessaire pour conduire des véhicules lourds sur les routes canadiennes. Une analyse sommaire des activités de membres de l’APDQ démontre que 18 d’entre eux réclament un total de plus de 1,5 million de dollars en factures impayées pour des interventions de remorquage de camions lourds Chauffeur Inc. au cours de l’année 2024.

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