Depuis une quinzaine d’années, on croise sur la route de plus en plus de pickups utilisant des remorques pour des activités de transport de marchandises. La pénurie de chauffeurs de camions lourds ainsi que la pandémie de la Covid 19 ont engendré une croissance du nombre d’entreprises routières transportant des cargaisons sur des remorques attelées à des pickups. Un des avantages de ce type de véhicule, c’est que les chauffeurs n’ont besoin que d’un permis de classe 1 alors qu’il faut un permis de classe 3 pour prendre le volant d’un camion lourd. Pour la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), cette nouvelle vague de transporteurs commerciaux a été la cause de certains maux de tête alors qu’il n’y avait aucune règle précise pour ce nouveau secteur.

Il existe encore aujourd’hui un certain flou, à en croire les entreprises de transport avec des camionnettes. Ces nouveaux joueurs dans l’industrie du transport routier des marchandises ne font pas l’affaire de tous, alors qu’il y a encore des camionneurs dénigrant les chauffeurs de pickups et les accusant de voler des voyages. Pourtant la majorité des transporteurs avec pickups déclareraient qu’ils répondent à un besoin en acceptant des voyages que la plupart des entreprises de camionnage refusent. Voici de courts portraits de quelques-uns de ces nouveaux joueurs dans l’industrie du transport routier de marchandises.

Lorsqu’il a lancé Transport général Lacombe à Sainte-Julie, sur la rive sud de Montréal, Loïc Lacombe avait un Ford F150 et ne faisait que le transport de cargaisons de 10 000 livres et moins. En octobre 2023, cet entrepreneur a décidé d’acquérir un Ford F450 avec un moteur V8 de 6,7 litres pouvant tirer 36 000 livres. « C’est un pas de plus vers mon objectif de pouvoir tirer 40 000 livres. J’ai déjà roulé 150 000 kilomètres avec ce nouveau camion que je tente d’entretenir le mieux possible afin de pouvoir l’utiliser très longtemps. », de dire Loïc Lacombe.

Ce dernier possède une remorque à plateau de 30 pieds avec col de cygne pour rejoindre la sellette dans la boîte du camion. Il vient tout juste d’acheter une remorque à plateau de 40 pieds en aluminium afin de pouvoir transporter 28 000 livres de marchandises au Québec et 26 000 livres en Ontario. « Comme le véhicule lui-même pèse moins de 4 500livres, je n’ai pas besoin de permis de classe 3, un permis de classe 1 suffit. J’ai fait du transport pendant sept ans dans le domaine de la construction avant de décider de lancer ma propre entreprise. Je suis seul pour l’instant mais je prévois ajouter un second pickup aux opérations au cours de la prochaine année. », dit-il.

Développer une clientèle lorsqu’on débute dans le monde du transport de marchandises n’est pas une sinécure. C’est en frappant des portes dans des secteurs industriels et en téléphonant à des clients potentiels pour offrir ses services que Transport général Lacombe a recruté ses premiers clients, en plus d’agir comme sous-traitants pour des « brokers ». Loïc Lacombe est aussi inscrit sur divers groupes de transporteurs en ligne, où il se fait un plaisir de bloquer des transporteurs moins professionnels qui coupent les prix et ne possèdent pas toujours l’assurance cargo requise. L’entreprise dessert actuellement des clients au Québec, en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique.

C’est avec une flotte de trois pickups Ford F450 à six roues, munis d’un moteur 6,7 litres au diésel, que Transport Maxime Labrecque couvre le Québec et l’Ontario. L’entreprise remplace ses véhicules lorsque ceux-ci ont roulé environ 350 000 kilomètres. « Nous effectuons l’entretien de base et nous croyons qu’à ce kilométrage nos véhicules ont encore un attrait sur le marché de la revente, spécialement dans le monde agricole et celui du paysagement. », explique Maxime Labrecque, qui a commencé à faire des livraisons avec son pickup en 2016.

L’entreprise utilise des remorques à plateau avec sellette d’attelage dans la boîte de camion, de 30 ou 40 pieds de longueur. Le poids total que les camions tirent ne dépassent jamais 32 000 livres, y compris le poids de la remorque. Tous les chauffeurs du transporteur de Laprairie sont détenteurs d’un permis de classe 1, ce qui simplifie beaucoup les options d’assurance. Il s’agit aussi de chauffeurs d’expérience pour qui conduire des pickups n’est pas tellement compliqué. Transport Maxime Labrecque manipule à peu près tout ce qui peut être attaché aux remorques et 90% des cueillettes et livraisons sont effectuées à des distances permettant de revenir à la maison à la fin de la journée.

À ses débuts, Maxime Labrecque cognait aux portes de clients potentiels pouvant bénéficier de ses services tout en faisant appel à la plateforme Loadlink. Le bouche à oreille et des camions lettrés avec le nom et les coordonnées de l’entreprise sont aujourd’hui sa meilleure campagne de marketing. « Alors que de nombreuses personnes possédant un pickup se lancent dans le transport et tentent de se faire un nom en coupant les prix, nous travaillons afin que nos clients reconnaissent la qualité de notre service. Nous ne transigeons pas nécessairement au meilleur prix, mais les clients savent que nous leur offrons un excellent service. », de conclure Maxime Labrecque.