Pour bien des gens dans le camionnage, un pneu, c’est un cercle rond et noir obligatoire et indispensable qui coûte cher à remplacer. Un mal nécessaire, quoi! Saviez vous qu’après le salaire du conducteur et le coût du carburant, les pneus représentent pour les grands parcs de transport, la troisième dépense la plus importante de la compagnie. Pour le conducteur-propriétaire, c’est aussi sa troisième grande dépense après les paiements du véhicule et le carburant. Et pourtant, c’est rarement une de leurs plus grandes inquiétudes. Qui plus est, les pneus sont des composants qui demandent un entretien régulier qui, malheureusement, sont trop souvent négligés ou pris à la légère!

À moins de se fier à un directeur d’atelier consciencieux qui place le pneu parmi les composants les plus importants des véhicules, trop d’entreprises, surtout les plus petites, accordent rarement une importance majeure à l’entretien des pneus. Bien entendu, on se fie toujours plus aux indicateurs au tableau de bord ou à une inspection visuelle sommaire (parfois par accident). Mais ceux-ci n’agissent que lorsque les problèmes se présentent. En vérité, l’entretien des pneus devrait se faire dès leurs premiers tours de roue.

Avant d’aller plus loin, puis-je vous dire qu’en quelque 40 ans d’expérience de couverture de nouveaux produits pour camions, j’ai eu l’opportunité de participer à d’innombrables présentations chez des manufacturiers de renommée internationale, bien souvent à leurs pistes d’essais. Et bien avant toute présentation, les techniciens procédaient à une vérification de la pression des pneus des véhicules servant à la démonstration tout en s’adressant aux journalistes présents leur demandant de bien transmettre à leurs lecteurs que le rituel de la prise de pression est tout simplement essentielle, même si le véhicule est équipé de capteurs de pression. C’est, selon leurs dires, l’unique façon de s’assurer d’un rendement maximum des pneumatiques qui devrait se traduire par une consommation des plus raisonnables sur la route. Et, bien entendu, une possibilité d’économie de carburant se traduisant, elle-même, par plus de sous dans le budget! Première remarque, il vaut mieux s’assurer que cette prise de pression se fasse avec un pneu « à froid », le plus possible à l’ombre.

Ironiquement, cette vérification devrait d’abord se faire avec un manomètre mécanique, surtout un outil de qualité qui coûtera un peu plus cher qu’une jauge de courtoisie et non par les résultats transmis par électronique au tableau de bord. Incidemment, bien que la norme la plus courante dicte une pression de 100 livres par pouce carré par pneu, il est recommandé de vérifier avec le conseiller de votre revendeur de pneus quelle serait la pression réellement appropriée pour votre type d’utilisation, surtout dans le cas des pneus de remorques, qui sont particulièrement sensibles à l’usure inégale. Il en va de même pour les pneus de l’essieu directeur dont la pression doit être ajustée selon le poids de l’essieu avant. Certaines applications peuvent exiger une pression de 120 livres ne serait-ce que pour une usure égale! Ça en sera le cas pour des camions avec un essieu avant décalé (set-back axle). Consultez le placard (collant) que vous trouverez fort possiblement dans le cadre de portière du camion (ou ailleurs)!

Il en va de même pour les roues doubles. Plus d’un expert vous le dira, assurez-vous que les roues doubles aient des pneus avec un diamètre exactement identique. Parfois, remplacer un pneu éclaté ou endommagé par un pneu « semblable » (c’est-à-dire affichant les mêmes dimensions mais peut-être légèrement usagé) aura une influence sur « l’autre » pneu ce qui causera une usure inégale. Dans de tels cas, il vaut mieux consulter un atelier spécialisé qui saura mesurer les pneus!

Bien souvent, une rapide inspection visuelle des pneus vous évitera beaucoup de soucis et de dépenses. Dans le même ordre d’idées, toute impression de conduite anormale devrait être rapportée à un chef d’atelier si vous conduisez un véhicule de parc ou à l’atelier de pneus avec qui vous faites affaire si le camion vous appartient. Malgré votre grande connaissance des pneus ou votre longue expérience, certains détails pourraient vous échapper.

Un oeil expert saura déceler d’abord, l’usure inégale (parfois, celle-ci ne se dévoilera que lorsque le technicien passera sa main (experte) sur la bande de roulement et y découvrira des vagues d’usure inégale). Autrement, l’oeil averti de l’expert se déplacera vers des éléments de suspension ou de direction qui pourraient causer cette anomalie. Une réparation pourrait corriger la situation et la dépense encourue pourrait largement compenser une dépense plus élevée. Parfois, la vérité est dure à prendre mais il faudra l’accepter…

La plupart des grands parcs de véhicules commerciaux n’hésitent pas à choisir des pneus de remplacement de haute qualité, issus des grandes marques reconnues, lorsque leurs véhicules doivent parcourir de nombreux kilomètres. Les administrateurs de ces parcs se fient alors aux rapports de leurs chefs d’atelier, habitués à analyser l’état des pneus et, bien souvent, à corriger les éléments mécaniques qui peuvent accélérer leur usure. Comme vous pouvez vous en douter, à long terme, le jeu en vaut la chandelle.

Mais pour le plus « petit » utilisateur, la situation peut être différente. Choisir un pneu de remplacement moins coûteux (mais aussi, parfois, de moindre qualité) pourrait devenir une solution à un budget limité. Dans ce cas, un entretien plus soigné devient une priorité afin de justifier cette décision.

Un pneu endommagé rendu inutilisable peut causer un arrêt de travail important qui se traduira par une perte de revenu ! Mais un pneu bien entretenu, même un pneu étranger à rabais peut devenir un bon investissement.

Pour certains, le choix de pneus rechapés représente une solution économique valable (et cela peut effectivement être le cas). Cependant, l’entretien de ces pneus demeure une priorité capitale. De nombreux camionneurs, lorsqu’ils croisent des débris de pneus éclatés sur la route, pensent automatiquement qu’il s’agit de morceaux de pneus rechapés qui ont lâché. Bien que ce soit possible, sachez que si vous voyez des débris sur la route avec les broches de la carcasse visibles, ce n’est pas un éclatement dû au rechapage, mais plutôt à une pression trop basse dans le pneu. Cela provoque un échauffement excessif qui peut entraîner une véritable explosion (et non un simple éclatement) du pneu.

Mais, en attendant, prenez conscience des subtilités de l’entretien des pneus. Ce sont des alliés précieux qui doivent être bien entretenus : pression, équilibrage, parallélisme, permutation, voilà des points d’entretien qui contribueront à une exploitation maximale de pneus de vos véhicules! La connaissance de base… Pneus 101!