Nous avons discuté de cette question avec Dany Turgeon, directeur principal chez le Groupe Desroches, et Jack Fasoli, chef de marché national, poids lourds, chez Total Canada. Selon Dany Turgeon, l’adoption des nouvelles huiles est bel et bien enclenchée.
« On le voit dans nos ventes. Les produits vedettes comme la 15-40 sont en forte diminution, tandis que la 10-30 et tous les produits synthétiques sont en forte augmentation. »
Ces nouvelles huiles ont entrainé un changement chez les transporteurs, mais aussi chez les distributeurs.
« Ça repositionne tout notre réseau de distribution », souligne Dany Turgeon. « On doit s’adapter. Nous venons d’acheter un camion citerne neuf pour le vrac, et nous avons ajouté un compartiment. Parce qu’on a encore des clients en 15-40, en 5-40, en 10-30, en 0-40. Il faut être capable de fournir l’ensemble de ces produits. »
Précisons ici que pour la première fois, l’API, ou l’American Petroleum Institute, a émis en même temps deux nouvelles normes : la CK-4 est rétrocompatible avec les moteurs plus anciens, et la FA-4, optimisée pour les nouveaux moteurs diesel, qui ne l’est pas, ou beaucoup moins.
Pour l’instant, comme la plupart des flottes ont encore des camions moins récents, l’huile CK-4 est la plus populaire, nous souligne Jack Fasoli.
« Comme la CK-4 est rétrocompatible, ç’a eu comme effet de pousser le marché vers les nouveaux produits. Parce que c’est clair que les transporteurs n’ont aucun intérêt à garder deux sortes d’huile. Les transporteurs veulent rendre ça le plus simple possible sans mettre en péril leurs équipements. Le pourcentage de ventes de CK-4 versus la FA-4 est donc beaucoup plus élevé. »
Vers un suivi plus strict de la gestion des huiles
Nos deux spécialistes s’accordent pour dire que l’arrivée de ces nouvelles huiles a un effet de plus en plus important sur la gestion des huiles et de l’entretien de camions. Parmi les objectifs visés, le prolongement des intervalles de vidange d’huile autorisés par les manufacturiers de camions, selon certaines conditions strictes. Les manufacturiers de moteurs offrent en effet maintenant de prolonger les intervalles de vidanges d’huile jusqu’à 100 000 km, dans le cas du transport de longue distance. Mais pour ce faire, le gestionnaire de flotte doit élaborer un solide programme de suivi des huiles.
Par Claude Boucher
