Annonceurs vedettes

Économie – Des tarifs sur les automobiles et pièces importées dévasteraient l’industrie et l’économie américaines

Catégorie:

Le président des États-Unis, Donald Trump, menace depuis plusieurs se­maines d’imposer des tarifs doua­niers sur les pièces d’autos et les au­tomobiles importées aux États-Unis. Plusieurs intervenants du monde de l’automobile, et par le fait même celui des camions que ne sera pas exemp­té de ces mesures, ont manifesté leur désaccord avec cette possibilité. Un comité spécial a été mis sur pied par le Président Trump pour le conseil­ler. Plusieurs organisations et entre­prises ont remis des mémoires à ce comité afin de contribuer aux débats. Parmi ces organismes, il y a le Centre pour la recherche automotive (CAR – Center for Automotive Research) dont les conclusions concordent avec plu­sieurs autres observateurs qui affir­ment que les américains eux-mêmes se retrouveraient parmi les victimes de telles politiques.

Le CAR est un regroupement indépen­dant sans but lucratif qui produit des recherches approfondies et encourage le dialogue sur des dossiers chauds auxquels est souvent confrontée l’in­dustrie et les impacts de ces dossiers sur l’économie et la société améri­caines. Le CAR est le plus important site privé d’essais dans le domaine des automobiles et des camions et Centre est sous la supervision de l’universi­té Ohio State. Dans son analyse, le CAR stipule que ses évaluations sont conservatrices et sous-estiment les im­pacts réels sur l’économie américaine si l’administration Trump y va de l’avant avec l’imposition de tarifs dans l’indus­trie automobile.

Les simulations ne tiennent pas compte de l’expansion potentielle de la production de véhicules et de com­posants aux États-Unis si jamais des tarifs étaient imposés et que cela contrerait une partie des dangers éma­nant des restrictions commerciales. Selon CAR, cette hypothèse ne saurait se réaliser étant donné qu’à peu près la moitié de la capacité de production est présentement disponible à cause de la tendance des consommateurs à s’éloigner des voitures de passagers. À moins que les consommateurs améri­cains changent leurs habitudes d’ache­ter des produits importés de tout type et de tous les segments de marché et décident d’acheter des véhicules amé­ricains, la cadence des usines améri­caines n’augmentera pas rapidement. La conversion d’une usine sous-utilisée pour construire un nouveau produit ne se fait pas du jour au lendemain, il faut compter un bon deux ans du début de la construction au début de la produc­tion, selon le CAR.

Dans le cadre de ses analyses, le CAR a étudié six scénarios différents :

  1. Tarifs de 25 % sur toutes les automobiles et les pièces importées aux États-Unis.
    • De tous les partenaires.
    • De tous les partenaires avec des exemptions pour les importations du Canada et du Mexique.
  2. Tarifs de 10 % sur toutes les auto­mobiles et les pièces importées aux États-Unis.
    • De tous les partenaires.
    • De tous les partenaires avec des exemptions pour les importations du Canada et du Mexique.
  3. Des quotas au lieu de tarifs, établis à 80 % des volumes de voitures impor­tées en 2017 et 80 % de la valeur des pièces importées en 2017.
    • Appliqués à toutes les importations.
    • Exemption accordée aux importa­tions du Canada et du Mexique.

Selon le CAR, en se fiant aux quatre scénarios de tarifs, le prix moyen pour un véhicule vendu aux États-Unis aug­menterait de 980 $ (scénario 2b) à 4 400 $ (1a). Pour les véhicules qui sont à la fois construits et vendus aux États-Unis, les hausses de prix sont moindres, de 455 $ à 2 270 $ alors que les tarifs ne s’appliquent qu’au contenu de composants importés. Les consom­mateurs américains à la recherche d’un véhicule importé devront débourser de 1 345 $ à 6 875 $ de plus par véhi­cule. Si les États-Unis imposaient des quotas, les augmentations seraient de 760 $ à 6 610 $ par véhicules. Ces hausses, quelque soit le scénario, en­gendreraient des pertes d’emploi os­cillant entre 82 000 et 750 000, et la réduction du PIB serait de l’ordre de 6,4 à 62,2 milliards de dollars.

Le rapport du CAR indique que de 29 000 à près de 118 000 emplois seraient perdus chez les concession­naires de véhicules neufs. Cet impact se traduit par des pertes de revenus de 16,3 à 66,5 milliards de dollars ou 2.5 % à 10.3 % de tous les emplois chez les concessionnaires. Il est important de souligner que ces impacts négatifs par rapport aux tarifs qui pourraient être imposés, ne sont pas répartis uniformément à travers les marques de véhicules et les manufacturiers. Certains véhicules assemblés aux États-Unis ont une faible proportion de contenu nord-américain et américain. La moyenne de pièces faites aux États-Unis pour les véhicules assemblés aux États-Unis est de 60 %.

Dans un article du Washington Post traitant du fait que la ville de Columbus en Indiana, bastion du vice-président des États-Unis Mike Pence, serait une des plus dûrement touchée si jamais l’administration Trump procédait avec l’imposition de nouveaux tarifs, Tom Linebarger, PDG de Cummins Motors, le plus important employeur de l’endroit, affirme : « Il est certain que l’escalade de cette guerre commerciale affecte notre capacité d’importer des pièces d’autres pays et nous complique la vie pour exporter nos produits à cause des droits de représailles imposés par d’autres pays. Tout cela pourrait nous forcer à effectuer des mises à pied dans un proche avenir. »

Les manufacturiers américains de véhi­cules et de pièces d’autos ne bénéficie­ront pas des tarifs ou des quotas car tous les véhicules fabriqués au États-Unis comportent une proportion impor­tante de composants importés alors qu’une part importante des pièces fa­briquées aux États-Unis est exportée pour être assemblées dans des véhi­cules construits dans d’autres pays. En 2017, près de 70 % des exportations de pièces américaines l’ont été vers le Canada et le Mexique et c’est pour cette raison qu’inclure ces deux partenaires dans une guerre commerciale serait particulièrement néfaste pour les manufacturiers américains de pièces.

Si des tarifs ou des quotas voient le jour, le CAR prévoit que la demande pour des véhicules neufs di­minuerait de 493 600 à 2 000 000 de véhicules et cette décroissance est associée à des pertes d’em­plois variant des plus de 82 000 à 750 000. De telles données représentent une réduction du PIB américain de 6,4 à 62,2 milliards de dollars. Et ces chiffrent n’intègrent pas les 17 000 concessionnaires de véhi­cules neufs aux États-Unis qui fournissent de l’emploi à plus de 1,1 million de personnes dont le salaire moyen est de 57 000 $ (National Automobile Dealers Association, 2017). Selon CAR, il pourrait y avoir de 28 800 à 117 500 pertes d’emplois dans ce secteur qui enregistrerait des pertes de revenus de 16,3 à 66,5 milliards de dollars si jamais le gouvernement américain y allait de l’avant avec des tarifs sur l’au­tomobile. Plusieurs autres intervenants de l’indus­trie ont produit des analyses avec sensiblement les mêmes résultats et espèrent qu’ensemble ils auront su convaincre qu’il n’y aurait aucun gagnant si jamais la menace de tarifs devenait réalité.

Par Guy Hébert

Lisez l’article complet

Voir toutes les nouvelles du transport

Annonceurs

Annonceurs vedettes

Annonceurs